Un 1er goût de pleine conscience...

A force de se donner mille et un objectifs, de passer d’une tâche à l’autre sans se poser, de constamment courir après le temps, d’être sollicités et stimulés de toute part ; il nous arrive bien souvent d’oublier de vivre l’instant présent et de s’installer dans ce que nous vivons, d’en percevoir toutes les nuances, les tonalités, les couleurs, les sensations,…

Que ce soit parce que parce que physiquement nous courrons à gauche, à droite pour gérer notre quotidien ou celui de notre famille, ou parce que nos pensées et notre attention sont en pleine ébullition à chaque seconde (check liste des tâches à faire, souvenirs de moments vécus positifs ou conflictuels, bribes de conversations passées, projet à développer,…), il nous est souvent bien difficile de nous ancrer dans le moment présent. Nous naviguons en général entre le passé ou le futur et notamment au travers de ce que l’on appelle les ruminations.

Comme le définit Christophe André, dans une vidéo des éditions de l’Iconoclaste, « ruminer c’est réfléchir sans fin, sans efficacité, c’est réfléchir en rond. Les ruminations sont un des grands pièges de la vie intérieure.  On est alors absorbé par des pensées circulaires, répétitives, stériles, épuisantes. Les ruminations sont un leurre : malgré notre intelligence, elles nous trompent, car on croit réfléchir, alors qu’on ressasse. Elles nous abusent car on pense être dans le réel, le réel de nos soucis alors qu’on est dans le virtuel, le virtuel de nos craintes ou de nos regrets. Pourquoi nous laissons-nous piéger ainsi ? Parfois tout simplement par habitude, la triste habitude mentale prise depuis des années de ressasser à l’infini nos problèmes. Parfois c’est parce que l’émotion de peur, de tristesse, de honte est très forte : la rumination signe alors une pensée prisonnière de ces émotions douloureuses intenses. Parfois encore, on rumine parce qu’on est impuissant à agir et que la rumination remplace l’action. On rumine parce qu’on n’a pas admis au fond que, pour le moment, il n’y a pas de solution immédiate à ce qui nous tourmente. »

Une étude menée par Susan Nolen-Hoeksema, professeur de psychologie à Yale en 1992, estime que 63% des jeunes adultes et 52% des quadragénaires sont des ruminateurs (source Huffingtonpost.fr). Nous sommes donc un peu plus d’une personne sur deux à être envahi par ces ruminations et sinon nous sommes pour la plupart entraînés dans un flot continu de pensées nous éloignant ainsi de l’ici et maintenant.   

Pour sortir de ce cercle, qui peut s’avérer parfois infernal, de pensées, une technique est à la portée de tous : la pleine conscience. Cette pratique est définie, selon John Kabat-Zinn, comme le fait de « porter son attention sur le moment présent, instant après instant, de façon intentionnelle et sans jugement de valeur ».

Comme dit dans le magazine Respire N°9, par G. Treanor : « Pratiquer la pleine conscience aidera à diminuer votre stress, à calmer votre esprit, à apaiser vos inquiétudes. Intégrer la pleine conscience à votre vie quotidienne vous permet de passer plus de temps à observer – et à apprécier – ce qui se passe réellement dans votre vie. Cela peut en outre vous aider à renforcer votre résilience et à mieux gérer votre stress. Ci-dessous vous retrouverez une technique que vous pouvez pratiquer chaque fois que vous vous rendez compte que vous êtes en train de ruminer un évènement du passé ou de vous tracasser au sujet d’un évènement qui ne s’est pas encore produit. Cette technique d’une grande simplicité ne nécessite aucun accessoire et peut être pratiquée en toute discrétion n’importe où et à n’importe quel moment, que vous soyez assis seul à votre table de cuisine ou dans une rame de métro bondée, que vous travailliez dans un bureau plein d’effervescence ou que vous marchiez dans la rue.

Un moment de pleine conscience :

Dirigez votre attention sur… vos pieds – Sentez leur pression sur le sol. Prêtez attention à chacun d’eux : comment votre poids se répartit-il entre eux ? Sont-ils à l’aise ? Dans des chaussettes ou dans des chaussures ? Il n’est pas nécessaire de porter un jugement ou de changer quoi que ce soit dans leur façon d’être. Le but est simplement d’observer vos deux pieds, l’un après l’autre : pendant que vous leur accordez votre attention, vous détournez celle-ci de vos préoccupations.

… vos sensations corporelles – Si vous êtes préoccupé par quelque chose quand vous commencez cet exercice, votre esprit sera inexorablement ramené vers vos pensées précédentes et votre sujet d’inquiétude. Peu importe le nombre de fois où cela arrive, dès que vous le remarquez, ramenez votre attention sur vos pieds en vous concentrant sur leur présence et leur poids sur le sol. Ne vous énervez pas contre vous-même. Constatez simplement que votre esprit a dévié vers ces pensées et ramenez votre attention sur l’exercice.

… vos sensations auditives – La prochaine étape consiste à déplacer votre attention de vos pieds vers les sons qui vous entourent : une conversation, le bruit de la circulation, des pas dans les escaliers ou de la musique à la radio. Isolez chacun de ces sons et prêtez-leur attention l’un après l’autre. Contentez-vous de les observer. Si vous êtes dans un endroit silencieux, demandez-vous si vos vêtements produisent un son quelconque alors que vous respirez, ou bien concentrez-vous sur le rythme de vos inspirations et de vos expirations.

… vos sensations visuelles – Déplacez à nouveau votre attention en la dirigeant maintenant sur les objets visibles autour de vous. Enumérez à voix haute ou silencieusement tout ce que vous voyez – une porte rouge, un trottoir fissuré, une moto, des baskets blanches, un réverbère, un nom de rue -, en nommant chaque objet l’un après l’autre. Quand votre esprit se précipite à nouveau sur votre sujet d’inquiétude, ramenez-le vers ce que vous voyez autour de vous.

Vous pouvez vous déplacer ainsi à travers vos sensations corporelles, auditives et visuelles autant de fois que nécessaire. Portez votre attention sur une partie de votre corps, puis sur un son, nommez ensuite un objet visible autour de vous, puis revenez à nouveau à vos sensations corporelles. Il est probable que votre esprit vagabondera assez souvent, c’est normal. Quand vous remarquerez que vos pensées se sont éloignées de vos sensations, revenez à ce que vous voyez, entendez ou ressentez. »

Se (re)connecter à l’instant présent nous invite ainsi notamment à nous relier à nos différents sens et à être aux commandes de nos pensées et les mettre « au repos ».  

Aude Picavet

Pour Kally’Ô