La découverte de la Communication NonViolente

Dernièrement j’ai eu l’occasion de participer à 2 journées de formation à la CNV – Communication Non Violente avec l’Université de Paix. Je cherchais depuis longtemps à pouvoir explorer de nouvelles philosophies de vie et une nouvelle façon d’être dans mes communications et donc mes relations interpersonnelles.

La bienveillance, l’écoute des ressentis et besoins, l’objectivité dans mes messages,… étaient déjà au cœur de mes pratiques mais je ressentais le besoin d’aller plus loin.

Je fais partie d’une génération où nous n’avons pas vraiment appris, sauf quelques-uns, à écouter nos besoins, les comprendre, les nommer ; à pouvoir nous connecter à nos ressentis et les messages qu’ils nous délivrent. Nous sommes davantage influencés par notre mental que connectés à notre être, nos intuitions, nos ressentis, nos émotions et nos tripes.

Il me paraît essentiel, depuis que j’ai des enfants, de pouvoir évoluer, incarner moi-même certains positionnements et certaines formes de communication pour qu’ils puissent eux-mêmes grandir dans un environnement positif, constructif, respectueux et bienveillant.  

Ainsi Marshall Rosenberg définit la Communication Non Violente comme « un art de vivre qui nous aide à donner et à recevoir dans un esprit de bienveillance. Elle attire notre attention sur les sentiments, besoins et demandes de chaque personne, et nous garde de toute critique, jugement ou évaluation qui sont souvent sources de malentendus ».

Dans la vie courante, nous sommes souvent dans l’action, à chercher et proposer des solutions, « il n’y a qu’à »,… sans passer par l’étape d’évaluation même minime de nos ressentis (sentiments, émotions) et ce qu’ils soulèvent comme besoins. Pourtant derrière chaque communication, chaque échange et au sein de chaque conflit, au cœur se trouve un besoin non exprimé, non comblé. Il peut tant s’agir d’un besoin refoulé et datant de notre parcours de vie et qui est alors plus profond qu’un besoin dans le présent et lié à notre situation de vie du moment.

Les grands principes de la CNV sont, selon les écrits de l’Université de Paix :

  1. « Exprimer avec clarté ce qui se passe en moi, sans faire de reproche ni de jugement » ; c’est-à-dire exprimer ce qu’il se passe sous l’angle de « Quand je vois/entends/pense… Je me sens… Parce que j’ai besoin de/je ressens le besoin de… ».

  2. Exprimer des demandes claires, précises, réalistes/réalisables, négociable (il ne s’agit pas d’une exigence), concrètes et positives.

  3. Accueillir avec empathie la vision, la lecture, le vécu, la situation de la personne en face de nous sans être dans une posture de reproche, d’exigence, de critique ou de jugement. C’est-à-dire pouvoir se « mettre à la place » de l’autre et imaginer ce qu’il/elle ressent, ce dont il/elle a besoin et procéder à une vérification en demandant « est-ce que c’est ça ? C’est juste ? Ou il se passe autre chose ? »

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J’ai beaucoup aimé pouvoir visualiser le schéma de «Monsieur CNV» nous rappelant les 4 étapes fondamentales de la Communication Non Violente au travers de notre corps où chaque partie représente une clé de la CNV.

Voici également quelques réflexions et messages que j’ai pu noter lors de cette formation, m’invitant à la réflexion et à passer à l’action sous cet angle d’approche :

  • Je suis 100% responsable de 50% de la communication

  • L’intention est très importante en CNV, parfois plus que l’action

  • Nous sommes trop souvent dans la 4ème étape de l’action, des solutions sans avoir pris le temps d’évaluer les besoins de chaque partie

  • Un besoin a souvent plus besoin d’être reconnu que comblé et chacun est responsable de ses besoins

  • La CNV est un chemin de conscience et est le langage du cœur

  • Je ne suis pas mon émotion = je me sens et non je suis…

  • Il est bon de chercher quel est le trésor à trouver derrière la pire réponse d’une personne

  • Etre en empathie avec l’autre ne veut pas dire oublier ses propres besoins

La Communication Non Violente n’a pas l’air difficile en soi, les principes sont, pour ma part, assez simples et compréhensibles. Le plus dur je trouve, c’est de pouvoir se connecter à nos besoins. Arriver à déceler ce qu’un ressenti, une pensée, une émotion soulève comme besoin car faire cet exercice renvoie parfois à des blessures, à notre construction identitaire basée sur nos expériences, notre culture, notre éducation,…

Au-delà de pouvoir être empathique envers l’autre, l’étape la plus importante c’est d’être empathique envers soi-même ; c’est un des plus cadeau que l’on puisse s’offrir. Cela apporte apaisement, centrage, respect de soi-même et indirectement respect de l’autre.

Enfin, je me suis aussi rendue compte de la panoplie de termes et de mots dans la langue française pour décrire nos ressentis ; pourtant on se limite souvent aux plus généralistes, je pourrais même dire « aux plus bateaux » et il y a tellement plus de nuances. Exemple : pour exprimer le fait d’être fâché, je peux aussi utiliser des termes tels que : enragé, exaspéré, en colère, dégoûté, amer, irrité, amer,… Ou pour exprimer le fait d’être content, je pourrais aussi dire : heureux, joyeux, satisfait, épanoui, gonflé à bloc, touché, reconnaissant,…

Et pour les besoins, il y a en a beaucoup plus que ceux repris sous la traditionnelle « pyramide de Maslow ». A l’Université de Paix, ils divisent les besoins en 5 grandes catégories (source : Centre pour la Communication Non Violente) :

  • Besoins liés à la survie physiologique : Il y a entre autres le fait de se nourrir, de se reposer mais aussi avec les distances physiques que l’on vit aujourd’hui, en cette crise sanitaire, il y a le besoin de toucher/être touché qui est en jeu.

  • Besoins liés à la construction de l’identité : On retrouve par exemple les besoins d’attention, de reconnaissance, de respect et estime de soi ou de place.

  • Besoins liés à la relation à soi : Je peux notamment retenir sous cet aspect les besoins d’autonomie et liberté, d’espace, d’auto-empathie, de sens, de cohérence.

  • Besoins liés à la relation aux autres : s’y retrouve par exemple les besoins de confiance, d’équité, de partage, de soutien, de coopération ou solidarité, de chaleur humaine.

  • Besoins liés à la relation à l’univers : dans ce dernier, nous aurons notamment les besoins de sérénité, de célébration, de spiritualité, de découverte, d’évolution, de patience, de simplicité.

Il existe de nombreux ouvrages traitant de la Communication Non Violente, il n’est donc pas difficile de s’en procurer et de découvrir cette approche. Je pourrais notamment vous recommander d’aller découvrir sur Youtube les vidéos de Marshall Rosenberg traduites en français.

Mais rien de tel que de le pratiquer et le vivre au travers d’une formation pour ainsi s’auto-évaluer, se percevoir dans cet exercice des 4 étapes et se (re)découvrir… Pour trouver une formation en CNV, je vous invite à regarder sur le site https://cnvbelgique.be/ qui reprend tous les lieux de formations en Belgique et renvoie aussi à des ressources intéressantes.

Aude Picavet

Pour l’asbl Kally’Ô